Don de rein : le cap des 10 000 greffes avec donneur vivant a été passé en 2024 - Communiqué

Publié le 5 décembre 2024

Depuis 1959, les équipes hospitalières françaises ont réalisé plus de 10 000 greffes de rein grâce à des donneurs vivants. Ce sont donc 10 000 personnes qui se sont engagées auprès d’un proche en insuffisance rénale chronique terminale (IRCT), leur permettant de retrouver une meilleure qualité de vie. Grâce à ces dons vitaux, ce sont 10 000 patients qui n’ont plus besoin de dialyse, sauvés par la greffe.

On estime qu’un Français sur 10 est confronté à la maladie rénale[1]. En 2023, 3 325 greffes de rein ont été réalisées en 2023 dont 577 greffes avec donneurs vivants (+ 8,3 % par rapport à 2022).

L’activité de don du vivant a encore un potentiel important de développement. En effet, l’activité varie considérablement selon les régions : dans certains centres hospitaliers, le nombre de greffes avec donneurs vivants est de plusieurs dizaines par an, tandis que dans d'autres régions ce chiffre se limite à quelques greffes par an. Pour remédier à ces disparités et améliorer l'efficacité de cette activité, il est essentiel d'améliorer la coordination entre les différents services pour rendre disponible les blocs opératoires et recruter et former davantage de personnel spécialisé. De plus, une sensibilisation accrue et précoce des patients et de leurs proches à la greffe avec donneur vivant est nécessaire pour augmenter le nombre de greffes réalisées et réduire les inégalités régionales.

Dr Durin, expert à l’Agence de la biomédecine

Entretien avec le Dr Durin, expert à l’Agence de la biomédecine

Pour parvenir à augmenter le recours au don du vivant, l'Agence de la biomédecine a notamment missionné le Dr. Durin pour appliquer un soutien opérationnel aux équipes médicales et exercer un appui auprès des directions hospitalières.

Dans le cadre du soutien opérationnel aux équipes, le Dr. Laurent Durin, occupe le poste de référent national pour le développement des greffes de donneurs vivants à l’Agence de la biomédecine. Fort de son expérience en tant que médecin coordinateur, il joue un rôle clé dans l'amélioration des pratiques de don d'organes et de transplantation en France. Le Dr. Durin est spécialiste en médecine d'urgence et en santé publique.

Pourquoi devrions-nous avoir davantage recours au don du vivant en France ?
« Le don du vivant représente une opportunité unique d’augmenter le nombre de greffes et de sauver des vies de manière plus rapide et efficace. En France, bien que cette pratique soit autorisée et encouragée, elle reste encore sous-utilisée, dans le contexte d’une liste d’attente qui s’allonge de jour en jour. Il est prouvé que les greffes à partir de donneurs vivants offrent un meilleur taux de réussite à long terme. En augmentant le recours au DV, nous pouvons non seulement réduire le temps d'attente des patients, mais également améliorer leur qualité de vie post-greffe. »

Quels sont les premiers résultats de votre mission auprès des hospitaliers pour accroître la greffe avec don du vivant ?
« L’activité de greffes rénales avec donneurs vivants connaît une augmentation de 3,7 % sur les 8 premiers mois de l’année 2024 comparée à la même période de 2023. On observe que les 10 premières équipes rencontrées dans le cadre de ma mission connaissent quant à elles une augmentation de 41,9 % sur cette même période. A ce jour, 17 équipes sur 33 ont déjà été visitées en France hexagonale et aux Antilles. En allant à la rencontre des établissements de santé, j’identifie avec les équipes locales des leviers d’action comme l’amélioration de l’accès aux blocs opératoires, la mobilisation des ressources humaines requises, l’évaluation des impacts économiques, la qualité de vie des patients, etc.»

Les bénéfices de la greffe rénale avec donneur vivant compatible

  • La programmation de la greffe permet au receveur une meilleure préparation médicale, mais aussi psychologique au geste chirurgical.
  • Le greffon est de meilleure qualité, car l’intervalle de temps entre le prélèvement et la greffe appelé « temps d’ischémie froide » est plus court et que la compatibilité sanguine et immunologique entre donneur et receveur est meilleure.
  • La greffe à partir de donneur vivant fonctionne mieux et plus longtemps que celle réalisée à partir d’un donneur décédé. Dix ans après la greffe, la survie des greffons prélevés sur donneurs vivants est de 76,3 % contre 61,4 % pour les greffons à partir de donneurs décédés.
  • Un moindre risque de rejet de l’organe greffé et de complications notamment liés aux traitements anti-rejets, qui sont moins lourds en cas de donneur vivant car sélectionné pour sa compatibilité.
  • Des risques maîtrisés pour le donneur notamment concernant la phase péri-opératoire. Les complications post opératoires graves nécessitant une ré-hospitalisation et/ou une ré-intervention chirurgicale sont rares, estimées entre moins de 1% et 3% des cas environ.

En cas d’incompatibilité entre deux proches
Le don croisé permet de contourner l’incompatibilité (de groupe sanguin et/ou immunologique) entre un donneur vivant de rein et son proche malade. Depuis 2021 le nombre de paires donneur-receveur autorisées dans le cadre d’un don croisé de reins est passé de deux à six, permettant ainsi d’augmenter les possibilités d’appariement et d’améliorer l’accès à la greffe à partir de donneurs vivants.

Qui peut donner un rein ?
Une personne majeure, volontaire et en bonne santé, de la famille du patient : un parent, un enfant, un frère ou une sœur, son conjoint, ses grands-parents, oncles ou tantes, cousins et ainsi que le conjoint du père et de la mère. Le donneur peut également être un ami, apportant la preuve d’un lien affectif étroit et stable depuis au moins deux ans avec le receveur.

[1] Environ 6 millions de personnes selon l’Atlas de l’insuffisance rénale chronique en France, IRDES et Agence de la biomédecine 2018