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Les prélèvements et greffes d’organes sont de plus en plus pratiqués après 60 ans

Mis à jour le 08.04.2008

Grâce aux progrès des connaissances et des techniques médicales, de plus en plus de personnes de plus de 60 ans ont accès à une greffe d’organes. Avec une espérance de vie moyenne qui dépasse 75 ans, la probabilité d’avoir besoin d’une greffe après 60 ans ne cesse d’augmenter.

De 1999 à 2007, le nombre de greffes pratiquées sur des hommes et des femmes de plus de 60 ans a doublé. Actuellement, près d’une greffe sur cinq concerne cette tranche d’âge. Les organes les plus greffés sont le rein et le foie, avec de très bons résultats en termes de durée et de qualité de vie.
D’où viennent ces organes ? En grande majorité de donneurs décédés qui, contrairement aux représentations communes, ne sont pas de jeunes morts accidentellement. En 2007, 32 % des donneurs prélevés avaient plus de 60 ans, ce qui a permis de greffer des personnes essentiellement de la même classe d’âge.

L’Agence de la biomédecine souhaite donc rappeler que le don d’organes concerne tout le monde. Il n’y a pas d’âge pour y penser. Chacun doit s’informer, réfléchir à ce qu’il souhaite en cas de décès, et finalement dire sa position à ses proches afin qu’ils puissent en témoigner au cas où.


32 % des donneurs prélevés ont plus de 60 ans

La très grande majorité des organes greffés est prélevée sur des personnes décédées (94 % en 2007). Chaque donneur potentiel est pris en considération par les équipes hospitalières, sous réserve bien sûr de s’être assuré de sa non-opposition au don de ses organes. L’âge n’est pas un facteur limitant pour le prélèvement, la possibilité de greffe étant évaluée en fonction des antécédents du donneur et de l’état physiologique au moment du décès. Pour chacun des organes, on recherche sur la liste nationale d’attente de greffe le meilleur receveur.
Le progrès médical permet aujourd’hui de prélever et de greffer en toute sécurité des organes qui autrefois pouvaient être exclus d’emblée parfois en raison de l’âge du donneur. Un progrès d’autant plus important que la part des décès liés à la traumatologie routière diminue d’année en année, alors que le nombre de donneurs augmente grâce à l’amélioration du recensement des donneurs décédés suite à des accidents vasculaires cérébraux. En 2007, cette dernière catégorie a représenté plus de la moitié des donneurs d’organes potentiels. Elle concerne par ailleurs souvent des personnes sensiblement plus âgées.
De 1999 à 2007, l’âge moyen des donneurs prélevés est passé de 40 ans à 50 ans. La représentation du jeune donneur, décédé suite à un accident de la route, est aujourd’hui dépassée…

« Une qualité de vie retrouvée pour mes dernières années de vie »

Le suivi des patients greffés montre un réel bénéfice en termes de survie comparé au traitement par dialyse. Comme le reconnaît Mme Hanco, âgée de 68 ans, qui a bénéficié d’une bi-greffe de reins à 66 ans : « ma qualité de vie s’est nettement améliorée, même si la prise des médicaments est très contraignante. Je suis beaucoup moins fatiguée qu’après mes séances de dialyse. Je peux monter mes trois étages sans problèmes. Et surtout, quand je pars en vacances ou en week-end, je n’ai plus à me préoccuper de trouver un centre de dialyse à proximité de mon lieu de séjour. »
De son côté, Mme Rose Karoian, aujourd’hui âgée de 75 ans, se pensait peut être trop âgée pour avoir un jour la chance d’être greffée. C’est au hasard d’une rencontre en Arménie avec le Dr Jeannine Bedrossian qu’elle apprend que « l’âge n’a rien à voir à l’affaire. Que tout dépend de l’état général du malade et de l’état de ses organes. » De retour à Paris, elle en parle avec son néphrologue, qui lui confirme cette possibilité thérapeutique. Mme Karoian entame alors une série d’examens dont les résultats vont confirmer son éligibilité à une greffe et entraîner son inscription sur la liste nationale d’attente. En attendant, elle poursuit ses séances de dialyse trois fois par semaine, séances qui deviennent de plus en plus difficile à supporter. Et puis un jour l’appel finit par arriver…
« Il n’y a pas de mot pour exprimer ce que je ressens, pour dire toute ma reconnaissance. C’est vraiment formidable. C’est une seconde vie qui a commencé pour moi. J’ai retrouvé une vraie qualité de vie. Je peux prendre ma voiture, aller faire mes courses, faire la cuisine. C’est un beau cadeau que l’on m’a fait ; je vais pouvoir avoir une vie normale pour mes dernières années de vie. »
Mme Karoian n’hésite pas à parler de sa greffe et de sa nouvelle vie tant avec son entourage qui l’a beaucoup soutenue qu’avec ses amis ou ses voisins. Car elle reconnaît bien volontiers que la greffe ou le don d’organes étaient des sujets tabou pour sa génération. Mais elle trouve très bien aujourd’hui qu’on en parle et que l’on soit plus motivé pour donner ses organes.

Il est aujourd’hui possible de réaliser une greffe rénale au delà de 80 ans…

Une greffe de foie, de poumon ou de cœur est une greffe vitale. Elle est envisagée lorsque plus aucun traitement médical ne marche et qu’il n’y a plus d’autres solutions : l’organe est en très mauvais état, le malade est en danger de mort à court ou moyen terme. En 2007, 232 patients de plus de 60 ans ont reçu une greffe de foie (22 % des greffes de foie), 61 une greffe de cœur (27 % des greffes cardiaques) et 21 une greffe de poumon (10 % des greffes pulmonaires).

Ils étaient 679 patients de plus de 60 ans à recevoir une greffe de rein en 2007 (soit 23 % des greffes rénales). En effet, les personnes les plus largement concernées par une greffe au-delà de 60 ans sont les patients atteints d’insuffisance rénale qui doivent réaliser plusieurs fois par semaine des séances de dialyse. Cette technique, qui permet de remplacer le travail de filtration des reins, impose une contrainte lourde aux malades. Elle entraîne également la dégradation de l’état de santé général, avec des conséquences sur la durée de vie. Or, comme le constate le Pr Michèle Kessler, du service de néphrologie du CHU de Nancy, « la greffe rénale est aujourd’hui le traitement de suppléance qui offre, lorsqu’elle est possible, la meilleure espérance de vie aux patients atteints d’insuffisance rénale chronique terminale. » Pour renforcer son propos, le Pr Kessler ajoute « aujourd’hui, la limite d’âge pour une greffe est de plus en plus élevée. Il est en effet possible de réaliser une greffe rénale jusqu’à 80 ans à condition bien sûr qu’il n’y ait aucune contre-indication médicale ou personnelle. »
Mais pour le Pr Kessler, les malades sont trop souvent pris en charge tardivement lorsqu’ils sont en phase terminale de leur insuffisance rénale, ce qui retarde l’évaluation en vue de greffe et l’arrivée sur la liste d’attente. Pour développer et améliorer cette pratique, le Pr Kessler ne ménage pas ses efforts. « Il faut que les trois acteurs concernés soient informés et impliqués précocement : le néphrologue, le patient et le centre de transplantation. Les néphrologues ont un rôle important à jouer dans l’évaluation de leurs patients. Il faut les encourager à identifier les malades qui seraient éventuellement concernés par une greffe. Cela permettrait d’enclencher beaucoup plus tôt les examens nécessaires pour confirmer ou infirmer l’éligibilité à la greffe et entraînerait une inscription précoce sur la liste nationale d’attente. Les patients de plus de 60 ans sont souvent persuadés qu’ils sont trop âgés pour recevoir une greffe et n’en font donc pas la demande. De leur côté, les médecins du centre de transplantation sont parfois réticents à réaliser une greffe sur une personne âgée. » Pour le Pr Kessler, aucun patient ne doit être écarté a priori d’une greffe potentielle. Dans la mesure où les limites évoluent avec le temps, tout patient demandeur de greffe doit être adressé à une équipe spécialisée qui donnera un avis définitif en fonction de la balance entre bénéfices et risques pour le patient.

Chiffres clé consolidés de l’activité de prélèvement et de greffe en France en 2007

En 2007…

- 13 081
personnes ont eu besoin d’une greffe en 2007, dont 2 263 personnes de plus de 60 ans.

- 4 666 greffes ont été réalisées, soit une augmentation de 5,4 % par rapport à 2006. 995 greffes concernent des personnes de plus de 60 ans.

Malheureusement, 227 patients sont décédés faute de recevoir un greffon à temps, dont 46 personnes de plus de 60 ans


On note une progression très encourageante de l’activité de prélèvement et de greffe. En effet, le nombre de donneurs prélevés a atteint un niveau jamais approché auparavant, avec 24,7 prélèvements par million d’habitants. Ce résultat a été rendu possible grâce à une amélioration du recensement des donneurs décédés susceptibles d’être prélevés.
Ainsi en 2007, 3 147 donneurs potentiels ont été recensés (soit une hausse de 56 % par rapport à l’année 2000), dont 1 095 personnes de plus de 60 ans. 1 562 d’entre elles ont été effectivement prélevées (soit une hausse de 54 % par rapport à l’année 2000), dont 499 personnes de plus de 60 ans. Les donneurs de plus de 60 ans ont représenté près de 32 % des donneurs prélevés.
Il est également important de souligner que l’âge moyen des donneurs prélevés est de plus en plus élevé. Il était de 40 ans en 1999 ; il est de 50 ans en 2007.

Contacter le service de presse :

I&e
Dominique Kerforn

- Par téléphone : 01 56 03 12 75


Agence de la biomédecine
Fabienne Tong

- Par téléphone : 01 55 93 64 96


L’Agence de la biomédecine est un établissement public qui exerce ses missions dans les domaines du prélèvement et de la greffe d’organes, de tissus et de cellules, ainsi que de la procréation, de l’embryologie et de la génétique humaines. Elle est notamment chargée de développer l’information sur le don d’organes et sur ses enjeux, dans un esprit conforme à son rôle d’institution de référence.

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