« Une lettre pour nourrir la réflexion des décideurs politiques »
Pr Michel Tsimaratos
L’Agence de la biomédecine lance La Lettre de la biomédecine, une publication à destination des décideurs institutionnels. L’objectif : proposer une analyse de la littérature scientifique pertinente pour éclairer la décision de ses lecteurs. Entretien avec le Professeur Michel Tsimaratos, directeur général adjoint de l’Agence.
Comment est née l’idée de lancer La Lettre de la biomédecine ?
Pendant la pandémie, de grandes revues scientifiques internationales ont souhaité gagner du temps en supprimant l’étape du peer review (révision par les pairs) qui prend généralement plusieurs semaines. Elles souhaitaient ainsi faciliter la diffusion de l’information. L’intention était louable, mais le nombre de publications, des plus pertinentes aux plus farfelues, a explosé.
Finalement, nous avons constaté que le nombre de publications ultra-pertinentes, celles qui apportent une réelle valeur ajoutée scientifique, lui, n’avait pas augmenté.
Comment cette lettre permet de se prémunir contre cette inflation ?
La lettre concentre, en peu de pages, un nombre important de publications à haute valeur ajoutée. Le lecteur sait rapidement, pour chaque référence, s’il peut aller chercher des informations supplémentaires ou si le sujet ne rentre pas dans son périmètre. La lettre lui permet de bénéficier d’une base de connaissances sur laquelle s’appuyer pour nourrir sa réflexion.
Quel est le thème retenu pour la première édition ?
La révision de la loi de bioéthique a confié à l’Agence de biomédecine une mission d’information du Parlement et du Gouvernement sur l’évolution des connaissances dans le domaine des neurosciences. C’est un secteur qui progresse très vite. Ce développement rapide entraîne un risque de décalage entre la réalité et les cadres réglementaire et législatif.
Le premier numéro est donc consacré aux neurotechnologies. Il offre un guide aux décideurs pour s’y retrouver dans les milliers d’études qui paraissent sur le sujet.
D’autres thèmes en lien avec les domaines d’expertise de l’Agence de la biomédecine seront-ils abordés dans les éditions suivantes ?
Oui, l’objectif de cette lettre est de partager le savoir-faire de l’Agence. Elle pourra ainsi être dédiée à des problématiques variées tels que l’impact du don sur la société, la procréation, mais aussi, pourquoi pas, sur la place unique occupée par la France sur l’échiquier international en termes de gestion des greffes. Chaque édition contiendra un éditorial rédigé par l’Agence et un second émanant d’un spécialiste reconnu et incontestable.
Cependant, je pense que les neurosciences seront abordées régulièrement, voire dans un numéro sur deux. Le secteur avance tellement vite qu’il ne faut pas se laisser déborder.
Quelle sera la périodicité de cette publication ?
Nous espérons pouvoir publier une lettre par trimestre. C’est un travail important qui mobilise nos équipes. Aujourd’hui, l’Agence de la biomédecine parle aux professionnels, aux patients, aux spécialistes et aussi aux élus. Notre ambition est de valoriser l’expertise en devenant un producteur de connaissances, d’éclairer la décision sans être dans le jugement ou la critique. Il ne s’agit pas de remplacer les leaders d’opinion, mais de les aider à rester des leaders bien informés.
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